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Va jouer dehors ! - Festival de la Ville 2025 au Théâtre du Centaure, Marseille © Va jouer dehors ! - Photographie : Claudia Goletto
VA JOUER DEHORS ! L’ordinaire, un extraordinaire choisi ? Matthieu Poitevin
Va jouer dehors ! – Festival de la Ville 2025 au Théâtre du Centaure, Marseille © Va jouer dehors ! – Photographie : Claudia Goletto

Le 12 septembre dernier, au Festival de la ville, depuis le Théâtre du Centaure à Marseille – ont surgi des paroles, des analyses et des expériences venues d’architectes, d’urbanistes, d’artistes, de penseur·se·s, de citoyen·ne·s. À partir d’une sélection des différentes contributions et des réponses à un appel lancé, en amont du Festival — le 7ème numéro Ordinaire de la Revue de Va jouer dehors ! interroge notre rapport à la ville, à la confiance, à la dignité, et donne à partager un appel collectif à une transformation profonde : celle d’un ordinaire qui devient acte politique.

Ci-dessous, l’éditorial de la Revue Ordinaire par Matthieu Poitevin – Architecte-fondateur de la plateforme d’architecture Va jouer dehors !

Va jouer dehors ! – Revue 07 : 
Ordinaire © Va jouer dehors ! – Conception graphique : Travaux-Pratiques – Photographie : Claudia Goletto
Va jouer dehors ! – Revue 07 : 
Ordinaire © Va jouer dehors ! – Conception graphique : Travaux-Pratiques
Va jouer dehors ! – Revue 07 : 
Ordinaire © Va jouer dehors ! – Conception graphique : Travaux-Pratiques
Va jouer dehors ! – Revue 07 : 
Ordinaire © Va jouer dehors ! – Conception graphique : Travaux-Pratiques

« Le commun redeviendra une évidence, et l’ordinaire, notre tâche, notre responsabilité, notre puissance »

Combien sont-ils, celles et ceux qui vivent dans des palais, dans des châteaux, dans des arbres ou dans des nids perchés en montagne ?
Combien sont-ils, celles et ceux qui vont faire leurs courses à dos de girafe, elle-même sur un vélo, ou qui vont au travail via un transport en commun desservi par une baleine ?
Quelle proportion de gens ne cuisinent que des aliments de leurs jardins ou vivent sans se faire de mauvais sang pour l’avenir de leurs enfants…

Tout cela, c’est l’extraordinaire.

L’ordinaire, c’est la laideur, celle du quotidien : appartement étriqué, meubles génériques, métro-boulot répétitif, rapports conjugaux éteints, réseaux sociaux aliénants, ville pénible, sale, arrogante et violente. La violence partout, toujours plus grande, sans barrière, comme le reflet grandissant de notre incapacité à avoir confiance en l’autre : c’est l’ordinaire.
L’ordinaire, c’est la politique qui méprise ses électeurs, ce sont les constructeurs qui méprisent l’avenir et les promoteurs qui méprisent les citoyens. C’est ça l’ordinaire : le mépris à chaque coin de rue. C’est la quête coûte que coûte de la performance par la rentabilité. C’est aussi se satisfaire de bouffer du plastique et d’accepter son sort en se refermant sur soi. Doit-on accepter les constructions à moindre coût pour 7 milliards d’individus, pour le profit de quelques-uns ? L’ordinaire, c’est aussi les températures qui s’affolent et la planète qui râle d’en avoir assez d’être maltraitée et trahie. Alors elle craque, elle crie : tempêtes monstres, incendies infinis… C’est aussi devenu l’ordinaire.
L’ordinaire, c’est la violence sous toutes ses formes. Et la violence a toujours une fin.

À n’en pas douter, nous vivons la fin d’une époque. Face à cela, l’humanité se perd littéralement. Plus aucun projet de société, plus aucune prise de risque.
Elle se divise, s’entredéchire, tue sans limite armes, comme si la barbarie pouvait être un refuge.
C’est une fuite, un aveu de faiblesse !
La violence s’exhibe, outrancière, dépassant l’immonde, mais derrière ses coups se cache la peur crue, l’impuissance et le refus d’imaginer autrement.
Quelle lâcheté !

Va jouer dehors ! – Revue 07 : 
Ordinaire © Va jouer dehors ! – Conception graphique : Travaux-Pratiques

Et nous ? Nous baissons les yeux, acceptant comme ordinaire ce qui nous détruit.
Mais ce que nous acceptons n’est pas une fatalité, et le chant du cygne de cet ordinaire est déjà entamé. La mascarade politique et marchande n’accélère que sa chute.

Alors s’ouvre une brèche : celle d’un courage qui devient citoyen, d’une pensée qui s’ancre dans le réel, d’un désir de construire non plus contre, mais avec. Rebâtir la confiance et s’affranchir des idées préconçues.
La ville ne doit plus se construire comme on nous la vend, comme si c’était un passage obligé. Les promesses des promoteurs, des bailleurs, des constructeurs, des aménageurs ne sont que des leurres, à l’envers de l’intérêt général. Ils mentent. La ville ne peut plus mentir : elle doit se fabriquer comme on la désire !

Il faut passer à l’acte, encore plus, encore et encore, ne plus rien céder à l’intelligence. Saisir la moindre opportunité, la créer surtout, rater, recommencer, encore. Trouver des brèches et les faire grandir, éprouver les solutions pour démontrer et ringardiser le mensonge et le mépris.

Avec obstination, avec obsession, expérimenter et agir, faire, défaire et refaire, encore, avec humilité toujours, et transformer les obstacles en marchepied de possibles.

Cette mutation a déjà commencé.

La conception du moment se cogne au réel. Le factice, le faux-semblant, le geste s’estompent pour regarder le monde tel qu’il est et lui faire face. Le courage devient citoyen.
Les maires doivent s’y plier et nous entendre, sans pouvoir l’ignorer enfin, pour qu’une nouvelle silhouette des villes se dessine, qu’elles réapprennent à respirer, que les murs protègent sans enfermer, que la ville prenne soin.
Le commun redeviendra une évidence, et l’ordinaire, notre tâche, notre responsabilité, notre puissance.
Si elle devait être définie, alors faisons que la ville ordinaire soit celle de la dignité en actes !

Va jouer dehors ! – Revue 07 : 
Ordinaire © Va jouer dehors ! – Conception graphique : Travaux-Pratiques

Publié en décembre 2025 par Matthieu Poitevin

partenaire

VA JOUER DEHORS !

Ensemble comme la ville.

Va jouer dehors ! est la première plateforme d’action et de recherche qui conçoit l’architecture comme discipline culturelle pour poser les jalons de la ville à venir.

« Réunies autour d’une vision partagée, les forces de Va jouer dehors ! s’accordent sur un même souffle : celui de l’émancipation résolument joyeuse parce que rien ne s’y prête aujourd’hui. Faire ensemble, dans le plaisir, l’audace et la ré-création, voilà le cœur battant de notre action. »

À l’initiative de Matthieu Poitevin – Architecte & artiste — entouré de toutes celles & ceux que Va jouer dehors ! emporte, la plateforme se déploie tel un label, à l’année, à travers 2 volets d’engagements :

— d’action, celle portée par le Studio, autour des enjeux de la création en architecture et à travers des livraisons à venir très prochainement, et des projets en cours et passés

« Faire une architecture vivante, toujours.
S’évertuer à cherche à être libre et se permettre de l’être passent trop souvent pour de la provocation, de l’insolence.. Rien n’est moins vrai. Mon travail, et celui de la petite équipe opiniâtre et engagée qui m’entoure, consiste à rendre heureux. Être libre et heureux est vertigineux et inconfortable, souvent. Les gens confondent le confort et le conformisme.
La Friche la Belle de Mai, le Centre National des Arts du Cirque – CNAC, Mixt, Le Top, LE ZEF : des projets culturels à foison, mais aussi du logement, avec toujours la même préoccupation, prendre soin des gens qui s’y trouvent, qui y vivent. »

— de recherche, celle portée par une association d’intérêt général qui développe, depuis 2019, le Festival de la Ville, rendez-vous annuel – en septembre – à Marseille, autour des problématiques fondamentales de faire ville autrement et, qui se décline, également, à l’année, à travers les Ateliers et la Revue.

Plateforme & label
L’architecture comme discipline culturelle
Production Édition Diffusion
Marseille, Méditerranée 

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