automne 2025
Comment faire de l’ordinaire, un extraordinaire choisi ?
Le 12 septembre dernier, au Festival de la ville, depuis le Théâtre du Centaure à Marseille – ont surgi des paroles, des analyses et des expériences venues d’architectes, d’urbanistes, d’artistes, de penseur·se·s, de citoyen·ne·s. À partir d’une sélection des différentes contributions et des réponses à un appel lancé, en amont du Festival — le 7ème numéro Ordinaire de la Revue de Va jouer dehors ! interroge notre rapport à la ville, à la confiance, à la dignité, et donne à partager un appel collectif à une transformation profonde : celle d’un ordinaire qui devient acte politique.
Deuxième volet de l’exploration de la Revue ci-dessous.

Pour que les villes réapprennent à respirer, que les murs protègent sans enfermer
Extraits de l’éditorial du numéro 07
« L’ordinaire, c’est la politique qui méprise ses électeurs, ce sont les constructeurs qui méprisent l’avenir et les promoteurs qui méprisent les citoyens.
C’est ça l’ordinaire : le mépris à chaque coin de rue. C’est la quête coûte que coûte de la performance par la rentabilité. C’est aussi se satisfaire de bouffer du plastique et d’accepter son sort en se refermant sur soi. Doit-on accepter les constructions à moindre coût pour 7 milliards d’individus, pour le profit de quelques-uns ?
L’ordinaire, c’est aussi les températures qui s’affolent et la planète qui râle d’en avoir assez d’être maltraitée et trahie. Alors elle craque, elle crie : tempêtes monstres, incendies infinis… C’est aussi devenu l’ordinaire.
L’ordinaire, c’est la violence sous toutes ses formes. Et la violence a toujours une fin.
[···]
La violence s’exhibe, outrancière, dépassant l’immonde, mais derrière ses coups se cache la peur crue, l’impuissance et le refus d’imaginer autrement.
Quelle lâcheté !
Et nous ? Nous baissons les yeux, acceptant comme ordinaire ce qui nous détruit.
Mais ce que nous acceptons n’est pas une fatalité, et le chant du cygne de cet ordinaire est déjà entamé. La mascarade politique et marchande n’accélère que sa chute.
[···]
Il faut passer à l’acte, encore plus, encore et encore, ne plus rien céder à l’intelligence. Saisir la moindre opportunité, la créer surtout, rater, recommencer, encore. Trouver des brèches et les faire grandir, éprouver les solutions pour démontrer et ringardiser le mensonge et le mépris.
Avec obstination, avec obsession, expérimenter et agir, faire, défaire et refaire, encore, avec humilité toujours, et transformer les obstacles en marchepied de possibles.
Cette mutation a déjà commencé.
La conception du moment se cogne au réel. Le factice, le faux-semblant, le geste s’estompent pour regarder le monde tel qu’il est et lui faire face. Le courage devient citoyen.
Les maires doivent s’y plier et nous entendre, sans pouvoir l’ignorer enfin, pour qu’une nouvelle silhouette des villes se dessine, qu’elles réapprennent à respirer, que les murs protègent sans enfermer, que la ville prenne soin.
Le commun redeviendra une évidence, et l’ordinaire, notre tâche, notre responsabilité, notre puissance. Si elle devait être définie, alors faisons que la ville ordinaire soit celle de la dignité en actes ! »
Matthieu Poitevin – Architecte-fondateur de la plateforme d’architecture Va jouer dehors !

Bazar D
S’occuper de ce qui est là
Du papier, de l’encre, des mots font signes, images et couleurs pour capter et révéler l’or dans l’ordinaire. Thanh-Phong Lê et Margaux Heylen de Travaux-Pratiques ont investi l’espace du Bazar D – au sein du Festival de la Ville – dans une performance inédite. De cet antre créatif et sonore, surgissent en direct pamphlets et écrits divers, en écho aux paroles prononcées, qui prennent la forme du 7ème numéro de la Revue Va jouer dehors !

Sept contributions
Et si l’ordinaire n’avait pas besoin d’être changé, mais plutôt d’être reconnu


actuellement
Revue 07 : Ordinaire par Va jouer dehors !
+ Direction de la publication : Matthieu Poitevin – Architecte fondateur de la plateforme d’architecture Va jouer dehors ! et Claire Andries – Directrice-fondatrice d’Atelier des projets culturels
+ Avec notamment, les participant·e·s du Festival de la Ville : Jean Bocabeille,, Franck Boutté, Camille, Lilian Cardona, Thierry Dalmas, Christine Dalnoky, Julien Diers, Cyprien Fonvielle, Lætitia Gliozzo, Maxence Gourdault-Montagne, Mariusz Grygielewicz, Luc Gwiazdzinski, Tom Hébrard, Stéphane Herpin, Margaux Heylen, Christophe Hutin, Mériam Korichi, Thanh-Phong Lê, Gabriel Léon, Mathilde Levakis, Manolo, Cécile Manzo, Malte Martin, Claire Mayot, Mijoba David, Catherine Mosbach, Thomas Mouillon, Agissilaos Pangalos, Julien Pansu, Emmanuel Perrodin, Matthieu Place, Matthieu Poitevin, Hervé Potin, Perrine Prigent, Mathieu Rozières, Julien Tauvel, Youssef Tohme, Nicolas Ziesel, les étudiant·e·s de l’école nationale supérieure d’architecture de Marseille (ensa•m)…
+ Photographies : Claudia Goletto et Sébastien Normand
+ Conception graphique : Travaux-Pratiques
+ Version papier – sur commande : ICI
+ Demandes presse/partenaires/professionnels : ICI